L’égalité et l’inclusion au Cameroun
Contexte
Parmi les grands enjeux humanitaires que recouvrent les objectifs du développement durable se trouve « l’égalité des sexes et l’autonomisation de toutes les femmes et les filles », ODD5. En Afrique,bien que les inégalités entre les sexes se soient réduites ces dernières années, les femmes continuent de subir des discriminations. Au Cameroun, la situation de la femme et de la jeune fille n’est pas reluisante. D’ indéniables disparités restent perceptibles dues à des préjugés sexistes séculaires (Cameroun Tribune, 7 mars 2019).
Objectif
Cet article présente l’épineux problème d’égalité et d’inclusion et apporte un éclairage sur les interventions qui marchent en les adaptant au contexte local des municipalités camerounaises.
Ampleur du problème et freins à l’égalité et l’inclusion au Cameroun :
Au Cameroun, la situation sociale, économique,politique et culturelle reste encore marquée par des disparités plus ou moins fortes. D’ après certains indicateurs, un grand nombre de femmes est encore loin d’avoir accès aux mêmes droits, aux mêmes avantages économiques et aux mêmes ressources et de prétendre aux mêmes perspectives d’épanouissement que les hommes quelque soit le lieu de résidence (Bucrep, 2014).
A titre illustratif, l’éducation qui apparait comme un puissant moyen de parvenir à l’égalité des genres, présente des différences liées au sexe. A cet effet,sur une population totale de 1,251 millions d’enfants de 5-15ans, la proportion des filles présente un taux de non scolarisation de 22,8% tandis que celle des garçons montre un taux de non scolarisation de 15,2% (ECAM,2016 ; SND 30, 2020).La catégorie socioprofessionnelle n’est pas en reste. Elle montre que les femmes ont une situation défavorable par rapport aux hommes. En effet, un homme qui travaille,a 4 fois plus de chances d’être patron dans le secteur formel qu’une femme qui travaille dans le même secteur.De même, les hommes sont relativement plus représentés comme salariés dans le secteur formel.Par contre, dans le secteur informel où les conditions de travail décentes ne sont pas toujours remplies, les femmes sont relativement plus représentées (INS, 2010).
De même, l’activité économique présente aussi de forte disparité.Dans ce sens, le taux d’activité des hommes est nettement supérieur à celui des femmes.Cet écart dénote une différence d’opportunité entre hommes et femmes sur le marché du travail (Bucrep, 2014).S’agissant du chômage qui représente globalement l’ensemble des personnes privées d’emploi et qui en recherchent, il est largement plus élevé chez les hommes que chez les femmes. En effet, une femme court 1,5 fois plus de risque d’être « chômeur »qu’un homme (INS, 2010).Faisant référence à la rémunération, les hommes sont relativement plus nombreux à avoir des salaires fixes (21,9%) que les femmes (10,4%). En revanche, les femmes(35,6%) sont relativement plus nombreuses que les hommes (21,4%) à détenir des emplois non rémunérés (Bucrep, 2014).
Parmi les principaux freins de l’égalité et de l’inclusion au Cameroun, se trouve :
i)Les obstacles socioculturels : l’usage qui réserve la préférence aux garçons de prendre en charge la famille a conduit à la négligence des filles ;
ii)Les obstacles éthiques et religieux :ces facteurs sont plus accentués dans les régions habitées par des musulmans. On ne permet pas à la femme de sortir du cadre traditionnel dans lequel elle est assignée à résidence ;
iii) Les obstacles financiers :Plus le ménage est pauvre, plus les parents se reposent sur leurs filles pour l’accomplissement des tâches domestiques et plus ils ont tendance à réserver tout investissement à l'éducation des garçons ;
iv)Les obstacles psychologique : la préférence des parents pour les garçons fait partie intégrante de notre culture. Leur réticence à se départir de cette mentalité démontre leur manque de sensibilité vis-à-vis de l’effet négatif que ce choix peut avoir sur la capacité et les possibilités des filles et sur l’image qu’elles ont d’elles-mêmes(Saidou Oumarou Toukour, 1992).
Options de favorisant l’égalité et l’inclusion au Cameroun
1. Mettre en place un dispositif permettant d’assurer un accès à toutes les catégories de la population à l’éducation et à la formation.
Il s’agit de permettre que toutes les filles et tous les garçons suivent, de manière égalitaire, un cycle complet d’enseignement primaire gratuit et secondaire à bas coût et de qualité, qui débouche sur un apprentissage véritablement utile.
2. Adapter les formations professionnelles aux atouts et avantages spécifiques de chaque région.
3. Assurer de la prise en compte des valeurs sociales (vivre ensemble, patriotisme, bilinguisme, etc.)
4. Favoriser la discrimination positive dans l’accès à l’emploi des femmes et dans l’accès à des postes de responsabilité.
REFERENCES
Bureau Central des Recensements et des Etudes de Population. (2014).« enquête national sur l’état de la population », rapport
INS. (2010),« Deuxième Enquête sur l'Emploi et le Secteur Informel au Cameroun », Rapport
ECAM. (2016), « Quatrième Enquête Camerounaise Auprès des Ménages », Rapport
Cameroun Tribune. (2019), « croisade contre les inégalités de sexe : s’arrimer à la nouvelle impulsion », société.
Saidou Oumarou Toukour (1992) « Les obstacles à la scolarisation des filles dans la province de l’Extrême Nord du Cameroun », mémoire présenté en vue de l’obtention du Diplôme de conseiller d'orientation, Ecole Normale Supérieure, Yaoundé.
Stratégie Nationale de Développement 2020-2030 ;(2020). « Pour la transformation structurelle et le développement inclusif »