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Les bonnes pratiques de gestion des déchets par les municipalités de la ville de Yaoundé

I-Contexte


L’urbanisation croissante et non contrôlée des villes camerounaises en générale et celle de Yaoundé en particulier, a entrainé une croissance exponentielle des populations urbaines. La croissance de la population urbaine à Yaoundé, ajouté à l’évolution des modes de vie et des habitudes de consommation augmente automatiquement la génération de déchets municipaux de 5 % chaque année (Almeida et al.,2016). La ville de Yaoundé produit environ 1800 tonnes de déchets par jour, soit environ 700 000 tonnes par an (Bole Soua, 2018). Ces déchets (solide, liquide et gazeux) proviennent pour la plupart des ménages soit 75%, des services publics et activités économiques soit 20%, et des marchés soit 5% (Ibid). Malgré les dispositions prises par le gouvernement, la gestion des déchets municipaux est loin d’être satisfaisante. Cet article présence d’une part, les problèmes d’hygiènes et d’insalubrités qui gangrène la ville de Yaoundé et d’autre part, apporte un éclairage sur quelques bonnes pratiques qui marchent en les adaptant au contexte local des municipalités de la ville de Yaoundé.


II-Problèmes de gestion des déchets urbains à Yaoundé


Quelques problèmes d’hygiène et salubrité observés dans la ville de Yaoundé et les raisons qui les justifient sont :

  • Une population en croissance rapide : Le taux d’augmentation de la population de Yaoundé est estimé à 4,5% par an. Sa population est passée de 3 525 664 habitants en 2010 (BUCREP, 2010) à 4 100 000 habitants[1]en 2021. Ceci en raison de sa fonction administrative, universitaires, économiques et surtout à l’afflux massif des déplacés internes provenant des autres régions.

  • Une extension spatiale influencée par la croissance démographique : En réponse à la croissance de sa population, Yaoundé a connu une extension beaucoup plus anarchique que planifiée avec l’avancement des fronts d’urbanisation, la création des nouveaux quartiers, ce qui rend difficile la collecte des ordures produites par les ménages (Moussinga et Epoh, SD).

  • Un réseau viaire très limité et désarticulé : Cette ville dispose très peu de bonne route. Celles existantes sont inégalement répartie dans la cité. Les quartiers sont pour la plupart, dotés de routes non bitumés et très étroites, des pistes qui rendent difficile leur desserte.

  • L’insuffisance d’un système d’évacuation des déchets : La collecte des ordures ménagères constitue l’une des plus grandes difficultés que rencontrent les autorités urbaines. Ces difficultés se traduisent par une accumulation des ordures ménagères et la création de nombreux dépôts sauvages. L’absence des structures fonctionnelles pour la collecte et l’évacuation des ordures ménagères dans la ville de Yaoundé entrainent des décharges sauvages et incontrôlées dans les rues et dans les cours d’eau (Messi, 2015).

  • Non existence de système d’égout : les populations déversent les eaux usées domestiques produites en plein air (82,8%). Les lieux de réception des eaux usées sont les chaussées, les rigoles et les cours (66,3%). Ceci entraîne des coulées d’eau noirâtres permanentes au sol et la stagnation d’eau insalubre dans la plupart des quartiers de Yaoundé. Dans les milieux pauvres, les latrines non aménagées sont équipées d’un tuyau d’évacuation des excrétas et vidangées dans la nature ou dans les cours d’eau (ECAM III, 2007).

  • Insuffisance des ressources financières : Les municipalités peinent souvent à réunir le budget nécessaire à la gestion des déchets en raison du faible taux de recouvrement de la taxe sur les ordures ménagères et de la taxe foncière. De l’autre côté, les acteurs privés ont des difficultés à se faire payer tout en assumant des coûts de fonctionnement élevés à cause des difficultés logistiques inhérentes à Yaoundé au développement anarchique[2].

III-Quelques bonnes pratiques de gestion des déchets urbains dans la ville de Yaoundé


La gestion des déchets quelque soit leur nature, reste un grand défi pour les municipalités. Si l’on veut se donner les moyens de faire en sorte que la ville de Yaoundé soit résiliente et durable conformément aux objectifs 11 et 12 de l’Agenda 2030, il est indispensable promouvoir certaines actions. Quelques BP ont été observées :

  • Existence la loi cadre relative à l’environnement pour une meilleure gestion des déchets : Au Cameroun, plusieurs lois et décrets ont été établis afin d’atténuer les effets négatifs des déchets sur l’environnement et la santé[3].

  • Apport du secteur informel à la collecte et la gestion des déchets : À Yaoundé, la collecte des déchets métalliques (DM) que sont l’acier, l’aluminium, le plomb… se fait essentiellement par les écochiffoniers. Ceux-ci vont de maison en maison, sillonnent les artères de la ville, les garages, les chantiers de bâtiment et travaux publics, les bacs à ordures… pour obtenir par ramassage ou don les DM. Ces activités du secteur informel aident les municipalités à améliorer leurs taux de recyclage et à réduire les volumes des déchets mis en décharge (Djoussi et al., 2012).

  • La pratique du compostage comme meilleure gestion des déchets : Elle permet de récupérer et de transformer les déchets organiques. Le compost produit (amendements et engrais) et mis à la disposition des agriculteurs, améliorent la qualité des sols. Le compost permet ainsi de diminuer de 25 % à 50 % l’utilisation d’engrais chimiques et permet des gains de rendements agricoles allant jusqu’à 30 % (Sudhakar, 2012). C'est la technique là mieux conseillée car les déchets sont pour la plupart des déchets biodégradables.

  • Envisager la construction des centres de regroupement et la révision du système de gestion des déchets (CRDM) : La construction des CRDM, qui devrait intégrer la précollecte, s’avèrent nécessaires. Les CRDM sont des enceintes de 1000 m² environ, servant au stockage des ordures et aux opérations de tri et de compostage. Ainsi, les problèmes liés à la pollution des parcelles sont maîtrisés, et les déchets récupérés et recyclés (compost notamment) sont mis directement et à moindre coût à la disposition des agriculteurs. Ceci permet également à l’Etat de faire d’énormes économies dans le transport des déchets vers la décharge contrôlée de Nkolfoulou (Sotamenou, 2010).


Quelques références

Almeida., Onilvanda M., Oliveira., Euzébio. (2016). « Action gestion participative des déchets solide municipale dans Marapanim/Pará ». - Des connaissances scientifiques de base multidisciplinaire Magazine, 1 an. Vol. 5, pp. 5-23.

BUCREP,(2010). Rapport de présentation des résultats définitifs du recensement au Cameroun. Bureau Central des Recensements et des Etudes de Population, Yaoundé, 68 p.

Bole Soua., (2018). « La problématique de la gestion des déchets dans la ville de Yaoundé - Cameroun : état des lieux et perspectives ».

Messi Bedzigui G., A. (2015). « Gestion des déchets ménagers solides dans la ville de Monatele », Université de Maroua, 205 p.

Moussinga et Epoh, (SD). « La gestion des ordures ménagères et leurs impacts sur l’environnement cas de la ville de Yaoundé », CODEV, Cameroun.

Ngambi R. j.(2015). « Déchets solides ménagers de la ville de Yaoundé (Cameroun) : de la gestion linéaire vers une économie circulaire ». Géographie. Université du Maine. Français. ffNNT : 2015LEMA3001ff. fftel-01262368f

Sudhakar, Y., (2012). « Replication of urban innovations – prioritization of strategies for the replication of Dhaka’s community-based decentralized composting model », Waste Management & Research Volume 30, issue 1 Janvier 2012, p. 20-31.

Sotamenou, J. et Parrot, L. (2005). « Les déterminants de la récupération et du recyclage des déchets ménagers dans les bas-fonds de Yaoundé au Cameroun », Université de Yaoundé II – Soa, 160p.


[1] Cameroun. Fiche pays. Population Data.net [2] Gestion des déchets : les ambitions du libanais Averda contrariées par des impayés au Gabon [3] Loi n° 2004/018 du 22 juillet 2004 fixant les règles applicables aux communes précise en son article 16 les compétences transférées aux communes en matière de gestion des déchets urbains. Il s’agit principalement du nettoiement des rues, chemins et espaces publics communaux ; du Suivi et du contrôle de la gestion des déchets industriels ; Lutte contre l’insalubrité, les pollutions et les nuisances ; Gestion au niveau local des ordures ménagères. Décret n° 2012 / 2809 / PM du 26 septembre 2012 fixant les conditions de tri, de collecte, de stockage, de transport, de récupération, de recyclage, de traitement et d’élimination finale des déchets.

 

 


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